À partir du 1er janvier 2025, certains modèles de véhicules bénéficiant aujourd’hui d’une vignette Crit’Air 2 perdront leur accès aux zones à faibles émissions dans plusieurs grandes agglomérations françaises. La classification Crit’Air sera modifiée pour intégrer la nouvelle norme Euro 6e, imposant des critères plus stricts sur les émissions de polluants.
Les constructeurs automobiles anticipent déjà une hausse des coûts de production liée à l’ajout de dispositifs de dépollution plus performants. De leur côté, les entreprises s’interrogent sur l’impact des prochaines taxes écologiques, alors que le calendrier d’interdiction progressive des véhicules thermiques se précise.
Norme Euro 6 et vignette Crit’Air : où en est-on aujourd’hui ?
Depuis son entrée en vigueur, la norme Euro 6 s’est imposée comme le socle de la lutte contre les émissions de polluants sur l’ensemble du territoire français. Cette réglementation façonne concrètement la circulation des particuliers et utilitaires, en s’appuyant sur la vignette Crit’Air pour trier les véhicules autorisés à circuler dans les zones à faibles émissions (ZFE). Paris, Lyon, Strasbourg… autant de villes où l’accès au centre dépend désormais de ce petit autocollant coloré, attribué selon la motorisation et l’année de première immatriculation présente sur la carte grise.
Voici comment s’organise aujourd’hui le classement Crit’Air, avec des différences notables selon le type de motorisation et l’âge du véhicule :
- Crit’Air 1 : véhicules électriques, hybrides rechargeables et essence les plus récents.
- Crit’Air 2 : une grande partie des diesels récents et des essences mises en circulation après 2011, souvent compatibles Euro 6.
- Les classes inférieures rassemblent les véhicules polluants plus anciens, déjà bannis ou en passe de l’être dans les ZFE.
La loi climat et résilience, votée en 2021, a considérablement élargi le périmètre des ZFE : Marseille, Grenoble, Rouen, Bordeaux, Montpellier, Toulouse… Les restrictions ne visent plus uniquement les Crit’Air 3, 4 et 5 : le sort des Crit’Air 2 concentre désormais toutes les attentions, alors que la volonté politique s’affiche clairement : réduire la pollution urbaine et opérer un véritable bouleversement du parc automobile.
Quels changements attendre en 2025 pour les véhicules en France ?
En 2025, la norme Euro 6 passe à la vitesse supérieure. Sous l’impulsion de la Commission européenne, les valeurs limites d’émissions s’abaissent encore, notamment pour les oxydes d’azote et les particules fines. Les constructeurs sont sommés d’intégrer de nouveaux systèmes de dépollution et d’optimiser chaque gramme de CO₂ émis. Il ne s’agit plus de simples ajustements : beaucoup de modèles devront revoir leur copie ou disparaître du marché.
Dans les grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille ou Grenoble, la question de l’avenir des Crit’Air 2 n’est plus théorique : plusieurs agglomérations prévoient d’interdire leur circulation dans les ZFE dès 2025. Les propriétaires de diesels d’avant 2011, et même certains modèles essence récents, se retrouveront à la porte des centres urbains.
Les évolutions fiscales accompagnent ce virage réglementaire. Le malus écologique grimpe en flèche pour les véhicules fortement émetteurs, tandis que le bonus écologique privilégie résolument l’électrique et l’hybride rechargeable. Un malus poids vient s’ajouter, pénalisant les modèles les plus lourds, souvent des SUV thermiques. Les règles du jeu changent : la France s’équipe d’outils pour réorienter les choix d’achat et accélérer la transformation du marché.
Les constructeurs n’ont d’autre choix que d’accélérer l’électrification de leur gamme. Les automobilistes, eux, naviguent entre incertitudes fiscales, restrictions de circulation et hausse du coût d’acquisition. L’avenir de la voiture thermique s’écrit en pointillés, tandis que l’automobile française prend, bon gré mal gré, le virage des faibles émissions.
Impacts des nouvelles réglementations sur les taxes automobiles et la fiscalité
Le resserrement de la norme Euro 6 en 2025 s’accompagne d’une refonte fiscale dont l’effet se fait déjà sentir chez les particuliers comme chez les professionnels. Désormais, chaque gramme de CO₂ au-delà du plafond fixé par le législateur se paie au prix fort via le malus écologique. Pour les modèles dépassant 1 800 kg, le malus poids s’ajoute sans pitié, ce qui bouleverse la donne pour nombre de SUV thermiques.
À cette double peine s’ajoute la taxe annuelle sur les émissions de polluants atmosphériques. Son champ d’application s’est élargi : plusieurs modèles diesel immatriculés avant 2011 y sont désormais soumis, effet direct de la loi climat et résilience. Les collectivités disposent ainsi d’un levier supplémentaire pour accélérer la transition du parc. Le superéthanol E85 reste, pour l’instant, à l’écart de cette vague de taxes, mais rien ne garantit que cela durera.
Les entreprises voient également leur fiscalité évoluer : la TVA n’est plus déductible sur tous les modèles, la taxe sur les véhicules de société favorise clairement les véhicules faibles émissions. La fiscalité automobile devient un instrument assumé d’orientation des décisions, entre encouragements et pénalités, sous la pression croissante des limitations urbaines et des exigences environnementales.
Comment anticiper l’achat ou l’utilisation d’un véhicule face aux évolutions à venir ?
S’adapter à la nouvelle norme Euro 6 exige de décoder les signaux envoyés par les décideurs. Les ZFE se multiplient : Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, Grenoble, Rouen, Bordeaux… Chaque jour, le périmètre s’étend. Avant d’acheter ou de changer de véhicule, il faut évaluer son usage quotidien, la fréquence des trajets en centre-ville et la durée de validité probable de la vignette Crit’Air. Un diesel récent, même estampillé Crit’Air 2, risque fort d’être bientôt recalé à l’entrée de plusieurs métropoles.
Face à ces mutations, une vigilance accrue s’impose sur le contrôle technique. Les seuils d’émissions sont scrutés de près, la détection des particules fines devient la norme. Les modèles essence ou diesel les plus sobres conservent encore une marge de manœuvre, mais la pression monte pour basculer vers l’électrique ou l’hybride, encouragés par des avantages fiscaux et un développement constant des infrastructures de recharge.
Avant de faire un choix, il faut considérer le coût global d’utilisation : taxes, accès aux centres urbains, carburant, valeur à la revente. Les gestionnaires de flotte, notamment, ont tout intérêt à anticiper les mouvements réglementaires pour éviter d’être pris de court par une interdiction soudaine ou une hausse brutale des taxes sur les émissions. Les constructeurs accélèrent le lancement de nouveaux modèles conformes, tandis que la législation façonne un paysage où la faible émission ne sera plus l’exception, mais la nouvelle règle.
Sous la pression conjointe des lois, des collectivités et du marché, la route s’annonce plus étroite pour les véhicules thermiques. Reste à savoir qui parviendra encore à trouver sa place dans ce paysage en pleine recomposition.